«La chose la plus difficile est de ce connaitre soi-même» - Thales -
INTERVIEW par Aude Delha
C’est sur les hauteurs d’une montagne catalane, face au mont Canigo, au milieu de nulle part que j’ai rendez-vous avec l’homme au sarouel décontracté, c’est dans l’habitacle de son Van que le sauvageon me reçoit, je prends place sur la banquette, le nomade s’assoit en face moi après m’avoir servi un Yerba Maté qui nous réchauffera de la pluie fine qui nous cloître à l’intérieur du véhicule, l’interview peut commencer.
Aude Delha - c’est ici que tu vis, dans cet espace réduit, combien d’ailleurs ?
Laurent Michelot : - Ouaip, moins de 8 m2, mais tu vois, j’ai un jardin immense.
A.D. - Oui, bon, mais ton espace de vie intérieur est réduit, comment fais-tu ?
L.M. - Je vis davantage à l’extérieur, l’univers est ma maison.
A.D. - Ben voyons, comment fais-tu quand il pleut ?
L.M. - Comme toi dans ta maison, je reste au sec, et s’il pleut trop, je prends la route vers une contrée moins humide, mais comme Sénèque, j'apprends à danser sous la pluie.
A.D. - Ton Van est ton unique lieu de vie ?
L.M. - Mes lieux de vie sont les terres que je visite, souhaites-tu ne parler que de mon Van ?
A.D. - Keep cool, fais honneur à ton sarouel, non, alors parlons de toi, comment te présenterais-tu ? ?
L.M. - Comme un homme qui a décidé de vivre sa vie et d'essayer de comprendre comment fonctionne la planète sur laquelle il marche.
A.D. - Bonjour le cliché ! t’en as d’autres des images d’Épinal comme celles-là ? Dis-m’en plus, tu m’intéresses…
L.M. - En 2020, j’ai tout quitté, ma maison, ma vie, et par la suite mon métier, j’étais chef d’entreprise, je suis parti sur les routes, j’ai voulu me déconditionner doucement d’une société que je ne pouvais plus cautionner, je ne me sentais plus capable de l’aimer.
A.D. - Et voilà, tu vas me dire que tu es devenu un anarchiste de plus !
L.M. - Pas du tout, j’aime l’ordre, j’aime la justice, j’aime l’humain, je ne suis pas misanthrope pour un sou, ce que je n’aime pas c’est ce que les oligarques sont en train de faire de notre planète en toute impunité.
A.D. - Un révolutionnaire alors ? Un de ceux qui pestent de leur canapé sans avoir vraiment aucune proposition, on connaît.
L.M. - Je ne me suis jamais considéré comme tel, je me pense humaniste, j’essaie de comprendre ce qu’il se passe, de vivre et d’agir.
A.D. - Bravo pour le placement de produit, tu te fais ta petite ... pub,
L.M. - Oui...
( à cet instant un mini rouge-gorge ventru vient se poser sur le rebord de l’entrée du van, silence, l’homme au pantalon bariolé s’interrompt et ne semble plus être avec moi ).
A.D. - Hé ho ! - Mais que fais-tu réellement pour aider la planète comme tu dis ?
( quelques instants passent avant que l’écolo nomade me réponde )
L.M. - Je pourrais faire davantage, je fais ce que je sais faire, pour le moment, j’écris, je dessine, je photographie et j’échange avec mes semblables, je me dis que si j’arrive à aider un seul de ceux-ci, j’aurais atteint mon objectif, ma place sur cette terre est celle d' un colibri.
A.D. - On connaît la chanson. Tu reverses réellement l’argent aux associations ?
L.M. - Oui, mon initiative est sans but lucratif, j’ai mon argent à moi qui me suffit pour vivre, celui de mon travail est destiné à faire vivre mon association, la Compagnie des Arts d’Angoulême, dont le support est ce site : vivre-et-agir.fr, mais mon objectif premier est de faire connaître davantage les associations que je soutiens, et les hommes qui œuvrent pour les bonnes causes.
A.D. - Des écolos ?
L.M. - J’aime beaucoup Pierre Rigaud, Hugo Clément, Cyril Dion, Aurélien Barrau, Jean-Marc Jancovici, Brigitte Gothière, Camille Etienne, Thomas Brail et beaucoup d’autres, ce sont des gens que j’admire et que j’estime être les véritables défenseurs de notre planète. Je leur ai consacré une page sur mon site.
A.D. - Oui, j’ai vu, on y aperçoit la très controversée Greta Thunberg...
L.M. - Oui, les gens qui agissent le sont, et sont aussi souvent menacés, je préfère conserver mon énergie pour combattre les véritables méchants, il y a du travail.
A.D. - Ça fait quel effet d’être le sauveur de l’univers ?
L.M. - Ça me fait me sentir vivant tous les matins, je me dis que si j’apporte quelque chose j...
A.D. - Ça, tu l’as déjà dit, tu fais partie des anti-touts, comme on les appelle ?
L.M. - Je préfère penser que je suis pour tout ce qui est beau.
A.D. - Pas un peu prétentieux ça ? Bref, c’est un peu comme toutes ces cordes à ton arc !
Tu écris, tu dessines et tu photographies, tu montes même des vidéo, rien que ça !
L.M. - Oui, je ne fais que ce que j’aime, mais c’est vrai que je m’éparpille un peu, c’est le défaut de beaucoup d’autodidactes hypersensibles, je suis un passionné avant tout. J’ai dix mille choses dans la tête et des idées sans arrêt, il faut que je les pose sur le papier.
A.D. - Mais es-tu qualifié pour ça ? C’est quoi ton métier en fait ?
L.M. - Mon premier métier est photographe, également, j’ai toujours aimé dessiner, j’ai écrit aussi, mais cette nouvelle passion est arrivée sur le tard. Les écrits restent, les paroles s’envolent, c’est pourquoi j’ai choisi ce moyen d’expression, il est rare que je m’exprime oralement directement dans la vie, j’écoute, j’évite de juger, je dis bonjour à un chasseur quand je le croise.
A.D. - Sur le tard... ça se voit, enfin, ça se lit !
L.M. - merci !
A.D. - C’était du second degré bien sûr, dis-moi tout, que veux-tu apporter à cette société que tu sembles repousser tant que ça ?
L.M. - J’aime l’être humain, et je pense sincèrement qu’au fond de lui, chaque être est bon, certains ont dérapé et font de cette planète un enfer, ils manipulent le monde par la peur, et il est n'est pas facile de sortir de ce conditionnement, quand on me traite de pessimiste, je réponds qu’il faut observer en priorité le noir pour espérer trouver des alternatives positives, je suis au contraire un observateur optimiste et je crois encore en une société bonne et évolutive. Cette société doit changer, trouver des alternatives de vie pour redevenir plus humaine, davantage à l'écoute des autres êtres vivants.
A.D. - Sur ces bonnes paroles, bon courage monsieur l’utopiste et merci pour le… comment déjà ?
L.M. - Le Yerba Maté, c’est originaire du Pérou.
A.D. - OK, bon courage monsieur l’utopiste. ( je répète, il n’a pas entendu ! )
L.M. - Nous avons l’habitude de coller des étiquettes sur tout ce qui nous fait peur, j’aime beaucoup celle-ci, les conservateurs n’ont jamais créé la moindre idée contrairement aux rêveurs.
Merci Aude d’être venue jusqu’à mon pré