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Si la peur frappe à ta porte et que tu as le courage de l'ouvrir, tu t'apercevras que derrière il n'y a personne
- Maud Ankaoua -
Dans quel état d'esprit souhaitons nous vivre notre vie ?
Il existe autant de façons d'envisager la vie que d’êtres humains.
Pour le Dalaï-Lama, il y a deux façons de mener notre vie dans le langage de l’âme :
L'Amour ou la Peur.
Je ne suis pas partisan des visions dites binaires, c’est cependant dans cet esprit que j’ai choisi de baser mon approche, je pense que cette simplification permet davantage de nous reconnaître parmi les infinités de configurations envisageables à vivre notre vie.
Savoir où et comment nous nous situons permet de nous éveiller, de nous améliorer, et de nous ouvrir vers un chemin bienveillant envers nous-mêmes et les autres.
Je comprends que l’on peut être intrigué ou ne pas accepter les mots « peur et amour », ainsi, pour certains, il peut être nécessaire, pour une meilleure perception, de remplacer ces mots par négativité ou positivité par exemple, ou tout autre terme convenant mieux.
Voici les 6 possibilités primaires d’envisager notre vie :
1- La peur et ses trois niveaux progressifs.
Nos émotions dites négatives comme la colère, la tristesse, le stress, la haine ou la culpabilité, proviennent de la peur.
C'est une peur que nous nous infligeons au quotidien et que nous répercutons le plus souvent sur notre entourage.
Nos émotions deviennent sentiments quand elles perdurent, nous bâtissons notre vie sur notre principal sentiment, si nous le comprenons, il n’est pas trop tard pour en changer.
1-1 Dans le premier niveau, nous vivons perpétuellement dans une peur latente.
Nous envisageons les choses de notre vie avec un tempérament négatif.
Tout ce que nous percevons est mauvais, nous dégageons continuellement nos mauvaises ondes, nous sommes systématiquement retranchés dans notre colère.
Notre égo nous domine.
Nous commençons notre journée par accabler le mauvais temps, à cause de lui, nous allons certainement passer une mauvaise journée.
Nous employons constamment la négation, le refus, nous nous opposons aux autres, nous avons toujours raison, rien n’est bon, rien ne va, et rien ne nous fera changer d’avis, l’autre a toujours tord, celui de ne pas nous comprendre, ni de nous supporter.
Le repas de midi que l’on nous a servi au restaurant est mauvais, le chien du voisin aboie trop fort, et ce conducteur qui vient de nous doubler en nous faisant une queue de poisson, nous sommes obligés de nous époumoner contre lui, nous nous énervons parce que nous ne trouvons pas de place de parking, parce que cette caissière au supermarché ne sourit pas, que ces gens que l'on croise sont désagréables.
Nous achevons notre journée en la désignant comme un jour pénible qui s’ajoute une fois de plus à notre vie emplie de noirceur.
Quand l’autre nous propose son idée, nous imaginons qu’accepter son cadeau équivaut à une soumission, nous vivons dans la méfiance, nous nous enrôlons perpétuellement dans l'opposition.
Nos proches subissent notre état de mal être, nos mauvaises ondes émanent de notre personne sans même qu’il est nécessaire de prononcer un mot.
Nous critiquons nos collègues de travail, nos voisins, nos amis, nos griefs sont notre réassurance permanente, notre peur nous incite à nous positionner dans l’échelle sociale, le rabaissement de l’autre nous parait la façon la plus accessible à nous y maintenir.
Nous refaisons le monde, pour nous sentir en sécurité dans notre cocon chimérique, nous plongeons dans nos croyances et nous nous y accrochons sans réfléchir autrement que dans la peur, nous remettre en question équivaudrait à l’effondrement de notre base si durement acquise.
Nous devenons prisonnier(e)s de notre création.
1-2 Dans le second niveau de la peur, nous extériorisons notre mal-être vers l’autre.
Nos peurs doivent être concrétisées et nous devons identifier le(s) coupable(s) pour nous débarrasser de notre fardeau.
Notre égo ne peut accepter que nous soyons le seul responsable de tout le mal qui nous arrive, pour calmer notre douleur, il nous demande de passer de l’état de coupable à celui de victime.
L'autre devient l'alibi pragmatique, notre peur est concrétisée, il est inenvisageable qu’elle ait pu être fantasmée uniquement par notre esprit, nous la localisons : c’est légitimement à l’extérieur qu’il nous faut matérialiser son auteur.
Nous reportons nos stagnations sur autrui, la peur nous immobilise, notre incapacité à créer nos propres actions, est renvoyée comme un miroir sur notre conjoint, sur nos proches : ils ne doivent pas non plus être capables de faire ce que nous même ne pouvons pas faire, nous les tirons vers le bas, les identifions à nos propres incompétences, nous paralysons leurs perspectives de vie et malheur à eux s’ils osent s’aventurer sur ce que nous pensons être mauvais pour eux, nous les accablons des pires fautes.
Nous reprenons chacune de leurs paroles, observons chacune de leurs actions, nous nous posons en juge, critiquons leurs comportements, nous critiquons leurs choix, nous cherchons des aides extérieures accréditant nos positions, souvent des complices rassurants aux comportements de peur similaires aux nôtres.
Notre état de peur est une normalité assumée : nous reportons notre peur sur un fautif extérieur qui doit nous rendre des comptes en permanence.
1-3 Le troisième niveau de la peur est le passage aux actes violents.
Nous invectivons, nous utilisons la violence physique et les mots virulents envers l’autre.
Notre colère est incontrôlée, notre tristesse exacerbée, nous sommes l’opprimé(e) qui doit faire comprendre ce qu’il ( elle) recherche avec des mots et des gestes brutaux.
Nous sommes aveuglés par la haine, nous représentons notre vision comme l’unique conception de la réalité, nous n’y admettons aucune alternative et nous condamnons immédiatement celui ou celle qui le perçoit autrement, nous sommes radicaux, nous punissons l’autre par nos agressions verbales et physiques.
Nous manifestons notre peur exclusivement par la violence, à son paroxysme, et même si nous connaissons des moments d’accalmie, nous bouillonnons continuellement.
Reprendre le contrôle de notre self-control ne fait plus partie de nos aptitudes.
Vivre aux côtés d’une personne évoluant dans l’un ces 3 niveaux de la peur est éprouvant, sa violence éteint notre lumière et épuise l’énergie de notre vie.
2- L’amour et ses trois niveaux progressifs.
Nos émotions positives comme la joie, la gratitude, la sérénité, la curiosité, l’amusement, l’admiration, l’attention, la contemplation, la bonté, la reconnaissance sont natives de l’Amour.
Il faut se l’avouer, dans un monde de plus en plus éprouvant, ses belles émotions deviennent complexes à intégrer à nos vies.
Je soutiens la thèse que nous devons travailler pour harmoniser nos plus agréables émotions dans nos vies et les convertir en sentiments, que nous devons nous éveiller à la compréhension à chaque occasion, recourir aux méthodes pragmatiques comme la pensée positive par exemple.
2-1 Le niveau premier est la permanence de l'Amour.
Nous considérons la vie avec positivité, chaque épreuve que nous rencontrons sur notre route est un défi que nous soumet l’univers comme un présent pour nous éveiller.
Grogner quand on se heurte le petit doigt de pied contre le coin du lit le matin ne nous soulagera pas, renverser notre café sur notre belle chemise blanche que l’on vient tout juste d’enfiler avant d'aller travailler ? Il y a plus dramatique, et puis c'est fait, rien ne sert d'accentuer la peine en nous culpabilisant.
Nous mettre en colère, contrairement à ce que l'on pense, ne nous soulage pas et ne résout rien, sourire, ou même rire de l’incident ne réglera pas le problème, mais il aura le mérite de ranger instantanément les mauvaises ondes dans le passé, et d'en ajouter de bienfaisantes pour démarrer notre journée ; envisageons immédiatement le présent et enfilons une autre chemise qui nous ira sans aucun doute beaucoup mieux.
Nous remercions le sourire du voisin en lui offrant le nôtre, et caressons son chien avant de lui souhaiter une belle journée, nous conservons notre bonne humeur autant que l’on peut et quoiqu’il arrive.
Oui, nous avons le droit d’être tristes ou apeurés, mais nous servons à notre vie des gestes définis par le bien être, nous créons des contextes apaisants qui s'épanouissent naturellement vers nous. ..et les autres.
Paraître pour un Bisounours aux yeux d’autrui ne signifie pas être niais, et ne présente peu d'importance, nous apprenons à nous extirper de la valeur du regard critique des autres, nous ne sommes plus obnubilés par l'image que nous recherchons à exposer, nous n'avons rien à montrer ou démontrer, notre véritable valeur, nous sommes le seul à nous l'accorder, nous sommes nous, nous nous aimons comme nous sommes et nous l’acheminons véritablement avec amour.
Nous apprenons à extérioriser notre joie, elle nous éveille au chemin du bien être. Nous réapprenons à rêver, à écouter notre âme d’enfant, et mieux encore, à la faire revivre, nous élevons nos richesses intérieures au grand jour, redevenons curieux des choses qui nous entoure, ouvrons notre cœur et engageons le dialogue plus aisément, sortons, nous rions, rencontrons et apprécions ce que nous offre l’univers.
2-2 Le niveau deux est la transmission de notre amour vers les autres.
Nous sommes attentionnés, bienveillants et soutenants, nous élargissons notre propre rayonnement, nous partageons, nous communiquons dans le respect, nous écoutons, nous tentons de ne pas froisser l’autre, nous apportons notre amour, notre savoir, notre personne et notre joie, nous inspirons, créons, comprenons, étudions et valorisons.
Nous admirons l'autre dans ce que nous ne sommes pas, sans jalouser ses différences.
Quand on nous agresse, nous ne répondons plus par l’invective, nous savons que la peur de l'autre lui appartient et reprenons notre chemin, nous savons apaiser notre égo.
2-3 Dans le niveau trois, nous percevons l’amour comme la réalisation essentielle de notre vie.
Ce niveau n’est pas réservé qu'aux Chamans, il nous est accessible si nous le travaillons.
L’autre est de la même source que nous, nous sommes unis et comprenons que chacun incarne une composante de l’univers : offrir le bien à l’autre, c'est l'offrir à nous même.
Nous pensons que l’amour que nous nous apportons est une force acquise nous permettant de le répartir avec l’autre. Les pertinences de la vie ruissellent naturellement vers notre être avec amour.
Nous soutenons nos proches sans attendre de retour, nous aimons sans vouloir être aimés inconditionnellement, nous pouvons être déterminés à parcourir la planète pour aider un être en difficulté, mais plus humblement, nous savons aider et soutenir celui qui nous demande de l'aide à notre porte.
Nous félicitons l’autre dans ses réussites, l’encourageons à être, le remercions d’être là, l’aidons dans ses taches, restons à son chevet quand il est très malade, et arrêtons notre travail pour l’aider à son rétablissement.
Nous aimons, nous positionnons notre vie prioritairement sur une base d’amour, nous pensons amour et nous ne pouvons envisager autrement notre vie. Chacun de nos gestes est guidé par le souhait d'amour, nos actions et nos pensées deviennent instinctives, nous sommes amour, nous prenons conscience du bien que procure l’amour que nous prodiguons aux autres et ressentons le bien qu'ils nous offrent en retour.
Nous savons que nous ne sommes pas parfaits, que nous n’avons rien acquis, que nous devons encore apprendre à aimer et à travailler encore et encore pour être en harmonie avec la vie.
Les événements de notre vie font que nous fluctuons d’un niveau à un autre, mais je pense que l’essentiel est de comprendre notre mécanisme humain et envisager le souhait de vivre davantage dans le bien être de la vision d’amour que celle de la peur, la résilience est notre premier allié, notre travail est l'autre allié.
Chaque jour, dès le commencement d'une journée nouvelle, questionnons-nous sur chacun de nos actes et paroles futurs :
« Comment vais-je penser ou me comporter aujourd’hui : avec amour ou avec peur ? »
Le soir, prenons le temps de nous poser et dressons le bilan de la journée :
« Combien de fois ai-je agi dans l’amour ? Et combien dans la peur ? Ai-je apporté du bonheur ou du malheur aux autres ou à moi-même ? »
Si nous avons été imparfaits, ne nous culpabilisons pas, mais promettons-nous de nous améliorer le lendemain.
Et vous ?
Dans lequel de ces 6 niveaux pensez-vous vivre le plus souvent votre vie ?
1 La peur permanente
2 La peur répercutée
3 La peur violente
4 L’amour naturel
5 L’amour offert
6 L’amour philosophie
Laurent Michelot